Monte, flamme légère,
Feu de camp, si chaud, si bon !
Dans la plaine ou la clairière,
Monte encore et monte donc,
Monte encore et monte donc,
Feu de camp, si chaud, si bon !
1 - Les Scouts ont mis la flamme
Aux bois résineux.
Ecoutez chanter l'âme
Qui palpite en eux.
2 - J'étais jadis un Prince
Perfide et méchant,
Dépeuplant sa province
De petits enfants.
3 - Me tendît ses embûches
L'enchanteur Merlin,
M'enferma dans les bûches
D'un grand bois voisin.
4 - Depuis lors je dévore
Tout, autour de moi,
De me voir près d'éclore
On tremble d'effroi.
5 - Mais des arbres qui flambent
Je suis prisonnier,
Et mes bras et mes jambes
Brûlent tout entier.
6 - Ce terrible supplice
M'a bien converti,
Et pour votre service
Me suis fait petit.
7 - Je m'installe en vos chambres
A votre foyer,
Pour réchauffer vos membres
Et vous égayer.
8 - C'est moi qui vous éclaire
Dans les longues nuits,
Qui vous rend plus légère
La peur ou l'ennui.
9 - J'entre dans la cuisine
Et fais chanter l'eau
Et je sors de l'usine
Par le haut fourneau.
10 - Je permet que m'allume
Le pauvre ouvrier,
Forgeron sur l'enclume,
Ou pâle verrier.
11 - Les gerbes d'étincelles
Que je sème au vent,
Emportent sur leurs ailes
Vos rêves d'enfant.
12 - Si bien que sur la terre
Les plus malheureux
Sont les traîne-misère
Qui n'ont point de feu.
13 - Ma suprême espérance
Est qu'un jour viendra
Où Dieu, plein d'indulgence,
Me délivrera.
14 - Lors j'irai d'une haleine
Au divin séjour.
Retrouver forme humaine
Et brûler... d'amour.
15 - Mais je sens que j'expire :
Ecoutez la voix
Qui faiblit et soupire
D'un vieux feu de bois.
16 - Ma leçon la dernière
Vous dit : Mes enfants
On ne fait rien sur terre
Qu'en se consumant !
© Association Jacques Sévin
/ Les Presses d'Ile de France
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